Parce que les riches n`investissent pas pour la ville, Zinder manque des unités industrielles !

Article : Parce que les riches n`investissent pas pour la ville, Zinder manque des unités industrielles !
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16 décembre 2012

Parce que les riches n`investissent pas pour la ville, Zinder manque des unités industrielles !

Raffinerie de Zinder

Zinder, Capitale du Damagaram ne présente plus rien de nouveau dans son investissement. Depuis de longues années, Damagaram possède tous les atouts pouvant garantir un essor rapide mais les riches assistent impuissants à leur propre dégradation. Aucune nouvelle industrie! Excepté la tannerie! Enquête

Assis au milieu de ses marchandises, Elh Amadou, âgé de 68 ans, exerce le commerce depuis plus de 32 ans. Plusieurs fois, victime d`arnaques et d`escroqueries manigancées par certains intellectuels au courant de son cursus commercial, l’homme se dit prudent à investir dans une industrie. Avec un ton rassurant, il affirme : « Je me rappelle des années où il y avait une multitude d`unités industrielles (l’huilerie, la Siconiger, la Snifac…) Mais, malheureusement plusieurs de ces unités ont dû fermer leur portes. Cause? D’abord la conjecture économique avec des retombées néfastes sur tous les commerces. Ensuite une mauvaise gestion financière observée par les responsables en charge, et le problème d’approvisionnement qui handicape un certain nombre d’unités industrielles, explique-t-il, précisant qu’il connaît toutes les facettes d’un intellectuel et les taxes sont chères. Je préfère investir dans le domaine vivrier avec mes partenaires Nigérians. C’est plus rassurant.»

Ancien actionnaire dans une banque de la place qui a fermé aujourd’hui, El hadji M.A ayant requit l’anonymat nous confie : « L’industrie m’a déçu ! On nous réunit toujours pour nous dire d’investir dans l’industrie : nous acceptons pour avoir la tranquillité. Mais, en dehors du bout de papier qu’on nous rend attestant que nous sommes actionnaires, qu’y gagnons-nous? Rien! J’avais mis beaucoup d’argent dans la SNGTN et elle a coulé. Je me méfie toujours des thèses de fonctionnaire. Je préfère vendre mes marchandises (Sucres, farine de blé et des sacs vides) au lieu d’investir dans le vide. Et je me souviens de la SNA, elle a souffert de la concurrence des allumettes du Nigeria. »

Ce qu’il faut souligner à Zinder, c’est qu’un nombre important de commerçants, ont dû leur réussite à ces relations privilégiées avec Kano. Cela dit, les commerçants de Kano, qui possèdent de véritables empires industriels et commerciaux, considèrent leurs amis Zinderois comme des partenaires qu’il faut aider à prospérer, mais, hélas nos commerçants ne profitent pas de cette opportunité pour investir dans leur région. Ils préfèrent entasser et déposer leur fortune à la maison.

Elh Aminou, un nigérian, âgé de 41 ans visite pour la première fois Zinder. Ville pleine d’avenir dit-il. Il confirme : «Je compte bientôt installer une unité industrielle à Zinder avec mes partenaires libanais. J’ai tenté plusieurs fois de trouver un actionnaire de la place, mais hélas ! Les gens d’ici préfèrent toujours investir dans le secteur vivrier et chercher les commandes auprès des Organisations non gouvernementales (ONG). Il est plus que nécessaire que les opérateurs économiques d’ici se ressaisissent et aient l’esprit de solidarité et d’entraide car l’avenir d’une région dépend d’eux. Ces derniers temps, nous sommes nombreux à venir à Zinder. »

Pour Maman Abdou, titulaire d’une maîtrise en économie en vacances à Zinder, il se dit désolé par le comportement des investisseurs Zinderois. « Aucune usine de prestige ! Les opérateurs économiques sont riches, mais ils n’investissent pas pour la ville. Pour nous, jeunes diplômés de la région, malgré les contraintes diverses, notre préoccupation serait, à travers une analyse objective, de déceler les survivances néfastes du passé, de prendre conscience des traumatismes inhibiteurs provoqués dans notre société, et de mettre en œuvre les mesures propres à enrayer leurs manifestations et ouvrir ainsi la voie à l’avènement d’une ère de progrès régional en particulier et national en général. Personne ne viendra nous construire le Damagaram ! Certes, la jeunesse n’a pas de sous, mais, Dieu merci, nous avons eu la chance d’être à l’école. »

Avec la nouvelle raffinerie, Damagaram sera bientôt une ville convoitée par presque tous les investisseurs dit-il, tout en continuant en ces termes : « En matière d’investissement et pour que les régionaux puissent profiter et participer à l’essor de la région, notre politique devra privilégier les secteurs moteurs de la croissance économique, susceptibles de générer des ressources nouvelles qui contribueront au développement de la région. Il est important que les commerçants Zinderois puissent participer au développement de leur région car on constate une terrible absence de stratégie commerciale.» Et de poursuivre doctement : « L’investissement est la moelle épinière d’un pays. Il faut que mes frères arrivent à long terme à la maîtrise de leur propre développement. »

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