Après la crise Libyenne : les Nigériens revenus dans la tourmente !

Article : Après la crise Libyenne : les Nigériens revenus dans la tourmente !
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1 novembre 2012

Après la crise Libyenne : les Nigériens revenus dans la tourmente !

En route pour le Niger (DR)

Beaucoup de Nigériens ont quitté la Libye à cause de la crise. Ils sont nombreux aujourd’hui de retour au bercail et cherchent à s’intégrer dans la vie quotidienne. Nous avons rencontré ces jeunes dont le retour dans leurs familles bouleversées est très souvent cause de déséquilibres pour certains et de malheurs pour d’autres.

 Assis sur une natte en compagnie de petits dealers de drogue dans un quartier de Zinder, Issa, 35 ans, explique les raisons de son départ pour la Libye : « Il y’a de cela 6 ans, date à laquelle mon pays a connu l’insécurité alimentaire. Mon père a vendu son champ familial pour me faire le billet. Dieu merci dés mon arrivée a Tripoli, j’ai eu la chance d’avoir un travail par le biais d’un ami à Misrata ». Amer, il lâcha : « Sarkozy a envahi la Libye pour son intérêt ! Nous sommes des milliers de Nigériens qui vivaient là-bas ! Durant mon séjour, j’arrivais à envoyer à mes parents une somme de 45 000 FCFA chaque fin du mois. »

Lorsqu’on lui demande ce qui l’a plongé dans la consommation de la drogue, il cite pêle-mêle le manque et la déception. « Avant le conflit, je vivais dans l’harmonie et la quiétude. Mais, depuis, mon arrivée au pays, ma vie est devenue un enfer. Je suis obligé de me droguer pour oublier ce que je vis. Ma famille est pauvre et sans aucun revenu ! J’étais leur seul espoir, mais voici ce que l’avenir réserve ! En attendant un miracle, je consomme et revends ces stupéfiants ! », Confie le jeune migrant. A la question de savoir comment il arrive à se ravitailler en drogue, il dit sans frémir : la marchandise nous vient directement du Nigeria voisin. J’ai commencé ce business depuis bientôt 4 mois avec un ami migrant. » Comme pris de remords, il ajoute : « je vous assure que j’ai cherché du travail mais en vain ! C’est mon vieux père qui se décarcasse pour la famille ».

 Moussa Idi, un natif de Tanout se dit désolé de n’avoir pas été lettré. Plusieurs fois, victime d`arnaques et d`escroqueries manigancées par certains lettrés dans son commerce, il a préféré quitter son travail et son pays natal pour la Lybie à la recherche d’une vie tranquille depuis bientôt quinze ans. Son rêve est devenu cauchemar avec la guerre, il nous a confié : « durant mon séjour a Tripoli, j’ai été gardien d’hôtel. Je gagnais 150 dinars par mois et avec ça j’arrive à subvenir à mes besoins et à envoyer quelques sous à ma famille qui finance les études de ma sœur. Je vous assure que ce fut avec un grand regret que j’ai quitté la Libye. Dès mon arrivée au Niger, il m’a fallu vendre tous mes biens pour pouvoir rejoindre mon village natal. Le comble de malheur, je n’ai plus le moyen de soutenir ma sœur et mon village a été touché par l’insécurité alimentaire de l’année dernière. Rien ne va plus ! Nos greniers sont vides, et notre bétail a été décimé par la famine. En espérant trouver un travail, je cherche désespérément ma pitance. Je retournerai à la Libye à la première occasion.» Quatre mois après le retour de son frère de Libye, Janna, sœur d’un migrant en a déjà beaucoup sur le cœur. «Mon frère est revenu les mains vides et malade », explique la jeune femme qui attend un probable bol de riz dans un centre de distribution des vivres a Gouré. « Les animaux qui restaient sont vendus pour rembourser le micro-crédit d’une ONG, rien ne va plus ! Il est là couché et je ne sais quoi faire » ! a-t-elle ajouté.

 Elh Abba, 75 ans, père d’un migrant nous confie sa désolation : « La crise libyenne m’a détruit. Je suis obligé de donner ma maison en gage !» Il soupire et explique: « J’ai emprunté il y’a de cela 8 mois auprès d’un opérateur économique une somme de trois millions que je fais fructifier par le biais de mon fils,. Je lui envoyais de l’argent et lui, de son coté, achète des objets de valeur et m’expédiait. Avec la crise, le petit est revenu les mains vides et surtout malade. Inquiet de l’état physique de mon enfant, le propriétaire me demande de lui restituer la somme! Sans capital, je serai obligé de lui céder ma maison familiale? »

A.R.TALLE

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